Juin 3, 2011
Fil spécial : Edouard Manet et les poètes / La maîtresse de Baudelaire (03/06/2011)
Edouard Manet et les poètes – Impossible de rater la rétrospective événement « Manet, inventeur du Moderne » présentée au musée d’Orsay de Paris jusqu’au 17 juillet 2011. La poésie est au rendez-vous !
Le 10 mai se tenait une table ronde au sujet des Modernités de Baudelaire, animée par l’écrivain Claude Arnaud, suivie d’une conférence-projection : Manet sans Baudelaire.
Signalons le premier volume, chez Beaux Arts éditions, d’une nouvelle collection, avec une sélection de textes écrits sur le peintre, Manet vu par… On y trouve notamment Mallarmé, Valéry, Malraux, Bataille, Leiris. Autre référence liée à la poésie, un essai : Le Secret de Baudelaire, suivi de Baudelaire et la modernité, Baudelaire et Manet aux Nouvelles Editions JMP.
Attirons aussi l’attention sur trois publications axées sur l’œuvre du peintre parisien (1832-1883).
Un hors-série n°9 (avril 2011) de Dossier de l’art avec un chapitre traitant de Manet et les écrivains : une histoire d’amours et de haines. Une des illustrations est une eau-forte de 1862, Portrait de Charles Baudelaire au chapeau : « (…) Entre les deux hommes, il y a un grand respect, une solide amitié et des échanges incessants. Ils se fréquentent quotidiennement, (…). Il y a cependant un parfum de rendez-vous manqué entre les deux compagnons. On est bien obligé de regretter l’absence totale ou presque d’écrits de l’aîné au sujet de son cadet. (…) il faut se contenter d’un poème en prose, La Corde, issu d’un épisode épouvantable de l’existence du peintre (son garçon d’atelier se suicida). Et surtout d’une phrase de 1865 : « Vous n’êtes que le premier dans la décrépitude de votre art. » (…) C’est cependant Stéphane Mallarmé qui, incontestablement, a le mieux compris Manet et a écrit à son sujet les lignes les plus profondes et les plus sensibles. (…) »
Un hors-série du Figaro, daté de mars 2011, Manet, un certain regard, s’attarde sur une journée de 1860 qui voit le peintre et Baudelaire attablés dans un restaurant de Paris. Un autre article, Le masque et la plume, s’étend sur les amitiés littéraires de Manet, « qui ont largement soutenu, inspiré et nourri son œuvre. » On y voit une reproduction de l’Autoportrait par Baudelaire (Louvre) : « Faut-il s’étonner que Manet ne se soit pas lié de la même façon à Théophile Gautier, le « poète impeccable » célébré par la dédicace des Fleurs du mal et lui aussi critique de premier plan ? Baudelaire était son aîné de dix ans, mais Gautier en avait vingt de plus. (…) rien n’indique une réelle familiarité entre eux. Là encore, c’est le critique qui semble avoir donné le ton de leur relation, mais en sens contraire de Baudelaire. » Et sur la collaboration artistique avec Stéphane Mallarmé en 1875 : « (…) Manet illustre sa traduction du Corbeau d’Edgar Poe, puis, en 1876, son poème L’Après-midi d’un faune. Outre les délicates gravures sur bois qui ornent la minuscule plaquette, il exécute les ex-libris de chacun des cent quatre-vingt-quinze exemplaires de l’édition originale. La même année, Mallarmé publie à Londres un article en anglais où il fait l’éloge de Manet comme chef de file des impressionnistes. (…) Sans doute est-ce Paul Valéry qui a le mieux saisi la nature de la fascination de Mallarmé pour l’œuvre de Manet lorsqu’il notait que « Mallarmé goûtait [dans l’art de Manet] la merveille d’une transposition sensuelle et spirituelle consommée sur la toile » (…). Georges Bataille rappelle fort à propos que le même Valéry « associait ce qu’il appela « le triomphe de Manet » à la rencontre de la poésie, en la personne de Baudelaire d’abord, puis de Mallarmé ». (…) »
Un magnifique hors-série du magazine Beaux Arts, également édité en mars 2011, intitulé Manet, Dandy et génie, étudie les engagements culturels de l’artiste et ses liens avec les milieux littéraires. Ainsi, sur Baudelaire, le commissaire de l’exposition, Stéphane Guégan, déclare : « (…) Baudelaire n’a jamais pu surmonter ses réticences envers le réalisme. C’est vrai de Courbet, c’est vrai de Manet, malgré ce qui sépare les deux peintres. A l’évidence, le poète des Fleurs du mal préfère le second, plus urbain, plus élégant, plus ténébreux, plus nerveux, plus vénéneux, plus catholique aussi. Les connivences sont profondes comme l’amitié. On a surtout l’impression que l’autorité de Baudelaire a joué un rôle de stimulant majeur en raison même de ses réserves. (…) » Au fil des pages, on tombe sur les reproductions de Stéphane Mallarmé (1876), Charles Baudelaire (1844) et La Maîtresse de Baudelaire (1862).
Voir www.musee-orsay.fr et www.beauxartsmagazine.com
La maîtresse de Baudelaire – Belle à damner un poète, Sonia Rolland, première Miss France africaine (d’origine rwandaise), en 2000, est devenue actrice. Dans le Paris Match du 27 avril-2 mai 2011, elle s’est exprimée à propos de sa prochaine interprétation au cinéma de la maîtresse de Baudelaire : « Mon rêve avec celui d’incarner Joséphine Baker. Le pitch : un poète qui vit une relation passionnée faite de plus de bas que de hauts avec Jeanne Duval, une femme peu connue. Au milieu une métisse noire. J’aime l’époque où se situe l’action : 1830 où de nombreux scandales explosaient. (…) »