Avr 26, 2011
Fil – Actualité poétique 2/2 (26/04/2011)
Odilon Redon-Stéphane Mallarmé / Bernard Tirtiaux (Belgique) / Auguste Angellier (France) / Ovide / Poésie et Provence / Deux poètes de la Renaissance / Poètes libanais / Cocteau / Eduard Mörike (Allemagne) / Poésie et César Franck / Ferrat / Verlaine / Baudelaire.
Odilon Redon-Stéphane Mallarmé – A l’occasion de l’exposition « Odilon Redon, Prince du Rêve », qui se tient aux Galeries nationales du Grand Palais de Paris jusqu’au 20 juin 2011, un Télérama hors-série, richement illustré, est consacré à ce « peintre du mystère et du subconscient » (1840-1916), un précurseur du surréalisme. Un article de Gilles Macassar, Deux voyants solitaires, décrit les relations entre Redon et Mallarmé, à partir de 1885 : « L’amitié, tissée de quotidien et d’une vision partagée de l’art, suit son cours pendant treize ans. Jusqu’au projet de collaboration éditoriale [l’illustration du Coup de dés, paru dans la revue Cosmopolis] interrompu par la mort du poète. » Et de citer Mallarmé : « Le cas d’un poète, en cette société qui ne lui permet pas de vivre, c’est le cas d’un homme qui s’isole pour sculpter son propre tombeau. » Voir www.grandpalais.fr
« Musique, poésie et lumière font partie du même tiroir dans ma tête. » (Bernard Tirtiaux) – Coup de projecteur sur le travail du poète belge et maître dans l’art du vitrail Bernard Tirtiaux, né à Fleurus en 1951. Lueurs est le titre de son dernier recueil, publié chez Jean-Claude Lattès : une centaine de poèmes écrits entre 1975 et aujourd’hui, accompagnés de photos de ses œuvres en verre. Il avait déclaré au quotidien Le Soir du 18 février dernier : « Je pars de l’idée qu’un poème est une musique, ce qui était vrai par le passé où une lyre, un luth accompagnait l’aède ou le troubadour. Je suis grand amateur de poésie murmurée ou lue. J’ai mis en musique de nombreux poèmes. Je me délecte en lisant Brassens qui pour moi est autant chansonnier que poète, en chantant Aragon, Vian, Prévert. D’où ce choix de ne pas faire la différence. »
Auguste Angellier (France) – Coup d’œil dans le rétroviseur… Il y a 100 ans, le 28 février pour être précis, mourait le poète Auguste Angellier, né en 1848. Enseignant et angliciste réputé, doyen de la Faculté des Lettres de l’université de Lille de 1897 à 1900, son œuvre poétique est moins connue que son remarquable travail universitaire. Il a publié À l’amie perdue (1896), des sonnets qui s’inscrivent « dans la tradition de Pétrarque, des lyriques élizabéthains et de Ronsard », Le Chemin des saisons (1903) et surtout Dans la lumière antique, en cinq volumes parus entre 1905 et 1911. Retenons aussi qu’il soutint deux thèses sur les poètes Robert Burns (1759-1796), le « fils préféré de l’Écosse », et John Keats, cette dernière rédigée en latin !
Ovide, poète de l’amour et poète savant – Copieux dossier sur Publius Ovidius Naso (43 av.J.-C.-17 apr.J.-C.) dans la revue Histoire Antique et Médiévale n°54 (mars-avril 2011), dont la couverture reproduit un portrait du poète peint en 1499 sur une fresque de Luca Signorelli, à la cathédrale italienne d’Orvieto. On pointera un article sur la postérité, du Moyen Âge à nos jours, de son œuvre (Les Amours, Les Métamorphoses, L’Art d’aimer,…) : « une telle prégnance pour un auteur antique est assez rare pour être signalée et prouve à quel point Ovide a réussi à devenir un autre Virgile. »
Poésie et Provence – Les poétes sont représentés dans l’anthologie Le goût de la Provence, des textes choisis et présentés par Barbara Lambert, édités au Mercure de France (collection « Le petit Mercure »). Il y a les « enfants du pays » tels que Frédéric Mistral et René Char, et les « immigrés » comme Saint-John Perse, décédé sur la presqu’île de Giens en 1975, et Pétrarque, qui réalisa en 1336 la première ascension du mont Ventoux, le « Géant de Provence » (1.912 mètres).
Deux poètes de la Renaissance – Le Point Références n°6 (mars-avril 2011) se penche sur les textes fondamentaux de la Renaissance. Sont repris Francesco Petrarca (1304-1374), « poète lyrique qui a influencé une grande partie de la poésie amoureuse européenne jusqu’à l’époque romantique », avec un sonnet extrait de son Canzionere, un recueil de 366 poèmes ; Joachim Du Bellay (v.1522-1560), poète de la Pléiade, accompagné de son célèbre sonnet débutant par « France mère des arts, des armes, et des lois », inclus dans Les Regrets, œuvre qui n’a « cessé d’inspirer les poètes ultérieurs jusqu’aux plus contemporains ».
Poètes libanais – Dans sa rubrique « L’artiste et le sacré », Le Monde des Religions n°46 (mars-avril 2011) propose un portrait du poète mystique Khalil Gibran (1883-1931), connu pour son fameux recueil Le Prophète (1923), « œuvre poétique faite d’aphorismes et de paraboles ». Sous le titre Le prophète révolté, Virginie Larousse souligne que « ce citoyen du monde d’origine libanaise se nourrit à la fois du christianisme oriental et de la philosophie de Nietzsche ». Signalons ici la traduction française, dans la livraison de mars 2011 (n°20) de Books, d’un intéressant article paru dans la London Review of Books le 22 juin… 2000 : Les souffrances de la modernité. « Les poètes libanais sont peut-être les meilleurs interprètes du complexe d’échec qui affecte le monde arabe. » Sont commentés Khalil Hawi (1919-1982, par suicide, « son œuvre est parcourue par une sorte de prémonition du désastre ») ; Nizar Kabbani, né à Damas en 1923 et mort à Londres en 1998 (« en tant que poète, je suis par nature du parti de la paix, car la poésie ne peut s’écrire dans l’ombre de la mort et de la désolation ») ; et Adonis, né également en Syrie, en 1930, exilé à Paris depuis 1985.
Cocteau – Nouvelle édition, au Seuil, de Jean Cocteau. Les années Francine – 1950-1963, par Carole Weisweiller. Un livre qui rassemble des photos, des dessins inédits, des poèmes, ainsi que des lettres adressées à Francine Weisweiller, mécène et amie du poète.
Eduard Mörike (Allemagne) – Traduction intégrale par Nicole Taubes des Poèmes.Gedichte d’Eduard Friedrich Mörike (1804-1875), annonciateur du « réalisme poétique », qui arrêta d’écrire au tournant de la cinquantaine. Une édition (584 pages) bilingue parue aux Belles Lettres, dans la collection « Bibliothèque allemande ». Considéré comme « l’un des plus grands poètes lyriques allemands du 19ème siècle », dont les « lieder » (chants) ont été comparés à ceux de Goethe, son oeuvre a inspiré les musiciens Schumann et Brahms.
Poésie et César Franck – Récent hommage de l’Orchestre philharmonique royal de Liège au compositeur belge César Franck (1822-1890). Une partie du festival comprenait des poèmes symphoniques, le répertoire de Franck incluant notamment Ce qu’on entend sur la montagne et Les Djinns, inspirés de poèmes de Victor Hugo, Les éolides, à partir d’un texte de Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894) et Le Chasseur maudit, d’après le poète allemand Gottfried August Bürger (1747-1794).
« un festival va porter son nom, comme une certaine idée de la poésie » – Lors d’un entretien avec Michel Drucker, pour le Paris Match du 7-13 avril, Colette Ferrat a confié sur sa rencontre avec le chanteur-poète décédé il y a un an : « Je connaissais peu l’artiste car j’écoutais surtout Brassens. (…) En 2012 naîtra un festival de la chanson et bientôt ouvrira la Maison Jean Ferrat, sur la place du village [Antraigues-sur-Volane]. Ce sera un lieu de culture vivante où se rencontreront des auteurs, des comédiens, des poètes. Jean connaissait et aimait ce projet. (…) » Voir Fil du 15/03/2011.
« Mettez de la poésie dans votre poche. » – Promotion des éditions Robert Laffont : tout au long de ce mois d’avril, les libraires ont offert les Œuvres poétiques de Paul Verlaine, dans un miniformat, à l’achat de deux exemplaires de la collection « Bouquins ».
Baudelaire – La revue Hôtel & Lodge n°57 de mars-avril 2011 cite Charles Baudelaire en présentant un hôtel aux Seychelles : « Une île paresseuse où la nature donne des arbres singuliers et des fruits savoureux. »