Juin 28, 2011
Fil-Actualité poétique 1/2 (28/06/2011)
La poésie à l’heure du Tibet / Ledbury Poetry Festival (Angleterre) / Gil Scott-Heron (USA) / Marché de la Poésie (France) / Kenneth White / Festival Internacional de Poesía de Medellín (Colombie) / Salah Stétié (Liban) / Le Poète de Gaza / Mahmoud Darwich / Ecrivains israéliens et la France / Raymond Queneau / Miró ou la poésie en apesanteur
La poésie à l’heure du Tibet – Le numéro de mai 2011 de l’édition française de la prestigieuse revue américaine National Geographic nous a offert un portrait de Dorje Tsering Chenaktsang, alias « Jangbu », poète et réalisateur de documentaires, né en 1963 à Malho, dans le nord-est du Tibet. « Chef de file des poètes tibétains d’avant-garde au début des années 1980 », il fonda à 20 ans la première revue littéraire indépendante du pays des neiges éternelles. Créateur en 2003 d’un festival de poésie contemporaine tibétaine, il s’est établi en France en 2007. Dorje a exploré « la disparition des coutumes et les déchirures d’un peuple en souffrance. Une souffrance qui émane de ses vers libres (…) ».
Ledbury Poetry Festival (Angleterre) – Depuis 15 ans, un grand festival de poésie se déroule en pleine campagne anglaise, à Ledbury, dans le comté d’Herefordshire (région des West Midlands). Couvrant la période du 1er au 10 juillet 2011, le programme est riche et on y trouve, par exemple, des sessions sur la poésie hongroise, sur la nouvelle génération de poètes au Zimbabwe, sur la poésie tunisienne moderne ou encore sur le slam. La poésie tire profit des nouvelles technologies : l’initiative « Poetry In Motion » (http://magmapoetry.com/poetry-in-motion) consiste à recevoir sur son téléphone mobile ou smart phone des poèmes thématiques à partir d’une signalisation spécifique en plusieurs endroits de Ledbury. Sans oublier une « table tournante poétique » interactive… Voir www.poetry-festival.com
Gil Scott-Heron (USA) – Décès à 62 ans, le 27 mai dernier à New York, du poète et musicien afro-américain Gilbert « Gil » Scott-Heron. Connu pour ses « chansons-poèmes » (en particulier The Bottle, 1975), il lança à la fin des années 60 le style « spoken word », sorte de poésie orale à l’origine du rap américain. Ses poèmes ont été édités en 2001, chez Canongate Publishing Ltd. (Edinburgh, UK), Now and Then: The Poems of Gil Scott-Heron.
Marché de la Poésie (France) – Les poésies nordiques étaient à l’honneur du 27 au 30 mai 2011 lors de la 29ème édition de cette manifestation, organisée à la place Saint-Sulpice de Paris. Jacques Darras, poète et président du Marché, en a parlé dans Le Magazine Littéraire de juin 2011 : « (…) Au mieux, en France, nous connaissons trois poètes scandinaves : Pentti Holappa, Tomas Tranströmer et Inger Christensen, une poétesse immense, décédée il y a peu, qui aurait dû être l’une de nos invitées et que nous publions dans la revue Inuits dans la jungle (n°3). (…) ». Notons que le Marché a un prolongement jusqu’au 30 juin, avec des manifestations un peu partout en Île-de-France. Voir www.poesie.evous.fr
Les Archives du littoral (Kenneth White) – C’est le titre du dixième recueil, bilingue français-anglais, aux éditions Mercure de France, pour lequel le poète franco-britannique vient de recevoir le prix de Poésie Alain Bosquet 2011. « La poétique dépasse pour lui le cadre de la seule poésie : elle doit penser tout ce qui relie l’homme à l’univers. » (Le Magazine Littéraire, mars 2011). Né en Ecosse en 1936 et installé en Bretagne depuis 1983, Kenneth White est le fondateur de l’Institut international de « géopoétique ». Il a aussi publié un nouveau récit de voyages, La Carte de Guido. Un pèlerinage européen, chez Albin Michel. Voir www.geopoetique.net
Festival Internacional de Poesía de Medellín (Colombie) – Le très réputé festival international de poésie de Medellín en sera à sa 21ème édition du 2 au 9 juillet 2011. Des poètes du monde entier participeront à un programme chargé avec pas moins de 164 activités, toutes gratuites ! L’invité d’honneur sera Derek Walcott, prix Nobel de littérature en 1992. Voir www.festivaldepoesiademedellin.org
Salah Stétié (Liban) – Une cinquantaine de pages, avec des dessins de Farhad Ostovani, pour le dernier recueil du poète libanais, né en décembre 1929 : Dans le miroir des arbres, paru chez Fata Morgana (Saint-Clément-de-Rivière, Hérault). « Une réflexion sur l’arbre et l’homme, et sur les arbres de la vie du poète. » Voir www.salahstetie.com Le Poète de Gaza – Traduit de l’hébreu chez Actes Sud (Arles). Yishaï Sarid, né en 1965 à Tel-Aviv, place un poète au centre de son thriller : dans le but de capturer le chef d’un réseau terroriste arabe, un agent des services secrets israéliens, se faisant passer pour un jeune auteur en quête de conseils, va l’appâter avec son père, Hani, vieux poète palestinien atteint d’un cancer et vivant à Gaza…
Mahmoud Darwich – Actes Sud fait paraître une petite anthologie sur le plus populaire des poètes palestiniens, né il y a 70 ans et décédé en août 2008. Nous choisirons Sophocle et autres poèmes rassemble des écrits (la plupart inédits en français) de la période 1977-1992, extraits de cinq recueils, composés entre Beyrouth, Tunis et Paris.
« Les écrivains israéliens et la France : un amour partagé » – L’édition de juin 2011 d’Israël Magazine n’oublie pas la poésie en traitant de l’« attirance » pour le pays de Molière éprouvée par de nombreux écrivains israéliens : « (…) Haïm Gouri, poète et traducteur, qui a traduit en hébreu des poèmes de Rimbaud, Baudelaire et Apollinaire, mais aussi des œuvres de Paul Claudel, Georges Duhamel ou Marcel Pagnol. (…) Chez les représentants de la jeune génération, citons encore Dory Manor et Moshé Sakal, deux jeunes auteurs israéliens bilingues qui ont créé il y a quelques années la revue littéraire Ho, avec le soutien de l’ambassade de France. Ils y ont publié plusieurs dossiers consacrés à des auteurs français comme Hugo ou Paul Valéry, mais aussi à des sujets plus pointus, comme le mouvement Oulipo. (…) »
« Ni tout à fait de la littérature, ni tout à fait de la philosophie, [elle] jouit du meilleur des deux » – Sous la forme d’une correspondance imaginaire, l’œuvre du cofondateur de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), Raymond Queneau (1903-1976), est analysée par l’essayiste et professeur de littérature contemporaine Jean-Pierre Martin : Queneau losophe, édité chez Gallimard, dans la collection « L’Un et l’Autre ». La losophie ? C’est-à-dire « la philosophie quand elle tend vers la littérature et le poème » : « (…) Avec Raymond, vers la fin de son existence qui était l’orée de la mienne (je n’avais pas trente ans), à l’heure des bilans pour lui et des projets pour moi, nous avons créé un collège international de losophie. Nous étions les deux seuls membres, lui président, moi trésorier. Cette structure légère ne nous gênait aucunement, bien au contraire. Le collège de losophie ne se réunirait d’ailleurs, il faut bien le dire, jamais. Nous étions tous deux allergiques aux réunions, ça tombait bien. De plus nous étions loin de la parité. Ce qui n’a nullement empêché l’activité du « collège », comme nous disions modestement, de se déployer. (…) »Signalons également la parution, chez Denoël, de Cher Monsieur Queneau. Dans l’antichambre des recalés de l’écriture. Une plongée dans les archives de Queneau, où Dominique Charnay a trouvé « des centaines de missives d’inconnus », qui accompagnaient les manuscrits envoyés aux éditions Gallimard. Le père de Zazie dans le métro y fut « chef du comité de lecture » dès janvier 1941, pendant 35 ans… « Des lettres suppliantes, caressantes, plaintives, courroucées, flagorneuses, méprisantes, timides, mégalomaniaques, ou carrément délirantes. (…) Du moins les courriers laissent-ils deviner que ces candidats malheureux à l’édition n’étaient ni Rimbaud ni Proust. (…) » (Le Nouvel Observateur, 21 avril 2011).
Miró ou la poésie en apesanteur – Le numéro de mai 2011 de la revue Beaux Arts est revenu sur cet artiste catalan (1893-1983) qui déclara : « la poésie ouvrait de nouvelles possibilités pour moi, et me faisait aller au-delà de la peinture. » En relation avec une rétrospective à la Tate Modern de Londres jusqu’au 11 septembre (www.tate.org.uk) et une exposition de ses sculptures et céramiques au musée Maillol de Paris jusqu’au 31 juillet (www.museemaillol.com), l’article cite Raymond Queneau : « Un poème doit être lu dans sa langue originale ; il faut apprendre le miró, et lorsqu’on sait (ou que l’on croit savoir) le miró, alors on peut se mettre à la lecture de ses poèmes. » Voir Fil du 9/04/2011.