poésie à l'écoute

Fil – Actualité poétique (15/03/2011)

Obama et les poètes (USA) / Poésie et boxe / Le Collège des poètes (Vienne) / Anselm Kiefer (Allemagne) / Yasmina Reza / Poète toi-même (France) / Jean-Pierre Boulic (France) / Poètes sur les rails (Belgique) / Jean Ferrat / Marie Modiano / Edward James (Angleterre) / D.H. Lawrence / Tagore, Neruda, Césaire (UNESCO).

« Les livres et la poésie de gens présents ici ont contribué à ce que je suis » (Barack Obama) – Le 2 mars, le président a décoré, à la Maison Blanche, une vingtaine d’artistes et d’écrivains pour leur contribution au rayonnement culturel des Etats-Unis au cours de l’année écoulée. Dans son discours, Barack Obama a déclaré : « l’un des grands plaisirs d’être président est d’avoir l’opportunité de rendre hommage aux artistes et aux auteurs, aux poètes et aux interprètes qui nous ont touchés et ont ouvert nos esprits », ajoutant « j’ai des éditions de ces oeuvres usées d’avoir été lues, et ces vieux disques qui étaient encore en vinyle (…) m’ont aidé à traverser des jours difficiles ou à prendre des risques que je n’aurais pas pris autrement ». Parmi les lauréats, trois poètes ! Donald Hall, né en 1928, s’est vu remettre la Médaille nationale des Arts pour son importante contribution à la poésie américaine. La Médaille nationale des Humanités a été décernée à Wendell Berry, « le prophète de l’Amérique rurale » né en 1934, et à Joyce Carol Oates, née en 1938, cette dernière ayant livré une méditation poétique sur la… boxe (De la boxe, Stock, 1988). Voir www.whitehouse.gov

Poésie et boxe – Pascale Bouhénic s’intéresse au « noble art » et vient de sortir Boxing Parade aux éditions Gallimard, dans la collection « l’Arbalète ». Original, la vie de 10 grands champions de boxe (« un  défilé de figures tragiques et légères »), Cerdan et Carpentier inclus, mise en vers sur 160 pages. « Un parti pris formel qui donne à ces vies une précision, un rythme (rapide ou lent, enchaîné), et une souplesse qui rappellent ceux des corps de boxeurs, évidemment. » Après tout, en son temps, le poète britannique Arthur Cravan (1887-1918) passa de l’écriture à l’action sur un ring…

Le Collège des poètes (Vienne) – La réouverture du musée du Luxembourg, à Paris, s’opère avec une magnifique exposition sur Cranach et son temps, qui a déjà connu un vif succès lors de sa présentation à Bruxelles. Un Figaro hors-série daté de février 2011, encore disponible en librairie, est consacré à ce grand peintre allemand, Lucas Cranach, dit « l’Ancien » (1472-1553). En 1502, à Vienne, capitale des Habsbourg, il participe à la vie culturelle. Cranach y rencontre l’historien, médecin et poète Johannes Cuspinian (1473-1529), dont il fait le portrait de mariage. Il fréquente surtout un centre intellectuel renommé, fondé par l’empereur Maximilien Ier et dirigé par un autre poète, Conrad Celtis (1459-1508) : le Collège des poètes et des mathématiciens.

Anselm Kiefer (Allemagne) – Confessions du peintre et sculpteur allemand Anselm Kiefer, né en 1945, titulaire de la chaire de création artistique au Collège de France, à l’hebdomadaire Le Vif-L’Express du 11 mars 2011 : « (…) Lorsque j’étais jeune, dans les années 1960, j’étais obsédé par la sentence d’Adorno, selon laquelle « écrire un poème après Auschwitz est barbare ». Moi aussi, je me suis interrogé sur la possibilité de créer après l’Holocauste. (…) J’ai toujours eu une passion pour la littérature et surtout pour la poésie. J’aime Céline, Rimbaud, Mallarmé, Genet… Pour moi, les poèmes sont comme des bouées posées dans l’abîme ; je nage de l’un à l’autre. Sans eux, je suis perdu. Je lis d’ailleurs tous les matins, c’est ma première activité. (…) »

Le poème de Roland (Yasmina Reza) – Surprise dans Le Nouvel Observateur du 10-16 mars avec la reproduction d’un poème de l’écrivain et dramaturge Yasmina Reza, née en 1959. Au cours d’un entretien relatif à sa nouvelle pièce, Comment vous racontez la partie (Flammarion), celle qui a réalisé son premier film en 2010 (Chicas) a répondu « Peut-être… » à la question : « En avez-vous écrit d’autres ? »

« Poète toi-même » (France) – Belle initiative de l’hebdomadaire Le Point qui, « avec Rimbaud comme saint patron », publie jusqu’au 20 mars sur son site www.lepoint.fr les textes de ses lecteurs : « prendrez-vous dans la folie quotidienne le temps d’un cri, d’une confidence, d’une songerie, d’une harangue, et celui de l’exprimer en des mots poétiques ? »

Jean-Pierre Boulic (France) – Coup de projecteur sur le poète breton Jean-Pierre Boulic. Ancien cadre bancaire, né en 1944, dans le Loir-et-Cher, au sein d’une famille catholique originaire de Brest, il a obtenu le Grand Prix de poésie 2010 Louis Montalte de la Société des Gens de Lettres pour l’ensemble de son œuvre, soit 16 recueils. Le dernier en date, Patiente variation, a été publié à Rennes, aux éditions La Part Commune. A noter que ses recueils parus aux éditions Minihi Levenez (Tréflévénez, Finistère) sont bilingues, en français-breton. Son inspiration ? Les paysages de Bretagne, le vent, les nuages, l’océan, l’enfance et les Saintes Ecritures… Selon lui, l’écriture poétique permet « d’écouter la respiration de l’âme, de purifier le discours humain de la vanité en jaugeant les mots ».

Poètes sur les rails (Belgique) – Evénement littéraire multilingue et international, le troisième Festival Passa Porta, qui se déroulera à Bruxelles du 24 au 27 mars 2011, sur le thème On the move, comptera notamment avec la participation du Collectif de poètes bruxellois, créé en 2007. Cette association se propose de diffuser la poésie au cours de deux trajets d’une demi-heure à bord d’un wagon de train ! Voir www.passaporta.be Collectif des Poètes Bruxellois louera un wagon

« Je ne me prends pas pour un poète » (Jean Ferrat) – Plusieurs émissions dans les médias français à l’occasion du premier anniversaire de la disparition, le 13 mars, de Jean Ferrat. Signalons l’intégrale de 12 CD et de 2 DVD aux Disques Temey : « Ferrat a donné l’illusion que la chanson était la démocratisation de la poésie. »

Marie Modiano (France) – L’hebdomadaire Elle du 4 mars 2011 a interrogé l’auteur-compositeur-interprète Marie Modiano, née en 1978 (fille de l’écrivain Patrick Modiano), au sujet de sa bibliothèque idéale. Sur ce qu’il faut lire lorsque l’on est amoureux, elle a déclaré : « Des poèmes, j’y trouve un écho au sentiment amoureux : les sonnets de Shakespeare, les poèmes de John Keats, et les Poèmes à Lou de Guillaume Apollinaire. »

« Une folie dans la jungle » (Edward James) – Curieusement, Le Figaro littéraire du 3 mars 2011 ne mentionne pas l’activité poétique, sous le pseudonyme d’Edward Selsey, d’Edward William Frank James (1907-1984), peint à deux reprises par Magritte et qui « avait connu son premier émoi érotique en lisant Keats »… Anne Vallaeys a rédigé une biographie romancée, Edward dans sa jungle (Fayard), sur ce poète anglais fantasque et fortuné (si, si, il y en a…), qui fut un mécène du mouvement surréaliste, en particulier de Salvador Dali. Le titre de l’ouvrage fait référence à la deuxième partie de sa vie, à partir de 1945, qu’il passa dans la jungle mexicaine, à Xilitla, dans la Sierra Madre, où il se mit en tête de construite une cité utopique, dédiée au surréalisme, Las Pozas (gigantesque chantier toujours visitable), mourant là-bas comme un ermite. « Le seul fou authentique » aurait dit de lui Dali…

« Lawrence est un poète de feu » (Angleterre) – Un article du n°53 (mars-avril 2011) de La Nouvelle Revue d’Histoire analyse l’œuvre de David Herbert Lawrence (1885-1930), dont fait partie Le Serpent à plumes et autres œuvres mexicaines, une première traduction intégrale venant de paraître chez Robert Laffont, dans la collection « Bouquins ». L’auteur de L’Amant de Lady Chatterley a aussi, on l’oublie un peu, écrit près de 800 poèmes, les premiers datant de 1904 : « (…) Chez lui, le sentiment religieux passait par la poésie et, en un sens, il ne fut même que poète, dans ses romans, ses nouvelles, ses essais, ses récits de voyage. La poésie traduisait mieux son rapport immédiat aux choses. Elle touchait à l’élémentaire et correspondait à son tempérament de lutteur en guerre contre le monde, (…) ».

« Rabîndranâth Tagore, Pablo Neruda et Aimé Césaire, pour un universel réconcilié » – Soulignons ici que l’UNESCO a lancé un programme mondial destiné à mieux faire connaître l’œuvre de ces trois grands poètes du 20ème siècle : « Il s’agira de mettre en évidence comment chacun de ces auteurs a atteint l’universalité en remettant en cause, chacun pour ce qui le concerne, le rapport dominant/dominé – qu’il s’agisse du colonialisme, du fascisme et de l’impérialisme ou du racisme. » L’hommage s’étendra jusqu’en 2013, pour les 100 ans de la naissance de Césaire. 2012 sera plus spécifiquement consacré à des activités s’inspirant du travail de Neruda. A l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance du poète bengali, une exposition, Sur les pas de Tagore, se tient actuellement et jusqu’au 2 avril 2011, à la bibliothèque universitaire de Saint-Quentin-en-Yvelines. Voir www.unesco.org/new/fr/unesco/themes/universal-humanism

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