Nov 17, 2011
Fil – Actualité poétique (17/11/2011)
Un “poète des deux rives” (Espagne-Mexique) – Eminent représentant des lettres hispanophones, le poète Tomás Segovia est décédé au Mexique le 7 novembre 2011, des suites d’une longue maladie.
Né à Valencia (Espagne) en 1927, perdant ses parents très tôt, il s’exila avec son frère et ses deux sœurs au début de la guerre civile, et finit par s’installer au Mexique en 1940. Ses premiers poèmes furent publiés en 1945 et il créa, trois ans plus tard, la revue Hoja Poética. Au terme de sa carrière dans l’enseignement, il rentra une première fois en Espagne en 1976, un an après la mort de Franco, puis fixa sa résidence à Madrid à partir de 1985. Le poète effectuait de fréquents voyages entre les deux pays.
Parmi ses oeuvres les plus connues, on peut citer : La luz provisional (1950), Apariciones (1957), Anagnórisis (1967), Cuaderno del nómada (1978), Cantanta a solas (1985), Lapso (1986), Noticia natural (1992), Fiel imagen (1996) et Sonetos votivos (2007). Son dernier recueil, Estuario, avait été publié par les éditions espagnoles Pre-Textos, au printemps dernier. En langue française, un seul ouvrage est paru, en 2009, chez Gallimard, Cahier du nomade – Choix de poèmes 1946-1997.
Traducteur réputé (Shakespeare, Nerval, Ungaretti) et brillant essayiste (Poética y profética, 1986), Tomás Segovia fut un temps secrétaire de rédaction de la revue Plural, dirigée par Octavio Paz, poète et diplomate mexicain, prix Nobel de littérature en 1990. Devenu une figure importante de la vie culturelle de son pays d’adoption, il a reçu plusieurs distinctions, dont les prestigieux prix « Juan Rulfo » 2005, le plus important d’Amérique latine, et celui international de poésie « Federico Garcia Lorca », en 2008.
Le poète argentin Juan Gelman, avec qui il venait de recevoir le prix « Poètes du monde latin Víctor Sandoval », a déclaré au journal Reforma : « J’ai toujours admiré sa poésie, sa vision claire du monde et son intégrité personnelle. »
Autre déclaration, celle de Carmen Caffarel, directrice de l’Institut Cervantes, organisme officiel promouvant la culture et la langue espagnole : « Avec la mort de Tomás Segovia, les lettres espagnoles perdent l’une des grandes références de ce que l’on a appelé la génération des poètes espagnols en exil. »