poésie à l'écoute

Fil – Actualité poétique (30/09/2O11)

Festival international de la poésie à Trois-Rivières (Québec) / Marina Tsvetaïeva (Russie) / César Vallejo (Pérou) / Dixit (Zoé Valdès) / Baudelaire / Aragon et Desnos / La Biennale de Lyon et Yeats / Rainer Maria Rilke (Autriche) / Louis-Philippe Dalembert et Lyonel Trouillot (Haïti) / Samuel Menashe (USA) / Goethe / Paul Valéry / Poètes et sagesse grecque / Harold Pinter (Angleterre) / Poésie et merveille / MidiMinuitPoésie (France).

Festival international de la poésie à Trois-Rivières (Québec) – Plus de 100 poètes d’une trentaine de pays, et des dizaines de milliers de visiteurs, sont attendus du 30 septembre au 9 octobre 2011  pour de nombreuses activités à travers la ville de Trois-Rivières (Mauricie), devenue le siège social de la Fédération des Festivals Internationaux de Poésie.
Lors de la première édition du festival à l’automne 1985, le poète et « grand chansonnier du Québec » Félix Leclerc, invité d’honneur, déclara Trois-Rivières « capitale de la poésie ». Voir www.fiptr.com

Le Cahier rouge (Russie) – Un inédit de la poétesse Marina Tsvetaïeva (1892-1941) a été traduit du russe pour les éditions des Syrtes (Paris). Couvrant les années 1932-1933 d’exil à Paris, c’est un simple cahier d’écolier contenant des brouillons, des extraits de lettres, des fragments de poèmes, certains en français. L’ouvrage comprend l’intégralité du manuscrit autographe « où l’on peut lire à livre ouvert le déroulement de sa création poétique. Où l’on observe le poète à sa table de travail écrivant, cherchant et trouvant, tantôt sous le coup de l’inspiration, tantôt dans une endurante patience, le verbe poétique ; où l’on découvre l’écriture en français d’un poète russe qui aurait pu devenir poète français. Un cahier célébrant deux géants de la poésie, Pasternak et Maïakovski, les amours féminines, les passions charnelles, le bonheur du conte et de l’enfance perdue, tous les démons et les délices de l’imagination. Une histoire de la création sur un fond idéologique et politique qui déchira le siècle. » Profitons-en pour signaler la parution, chez Gallimard/Poésie, d’Insomnie et autres poèmes de cette « figure incontournable de la poésie russe », une édition de Zéno Bianu. Voir Fil du 9/04/2011.

« Il est le poète révolutionnaire de la solidarité » (Pérou) – Deux ans après l’édition française (Flammarion) de sa Poésie complète 1919-1937, voici au Seuil les Poèmes humains suivi de Espagne, écarte de moi ce calice du plus célèbre des poètes péruviens, César Abraham Vallejo Mendoza (1892-1938). Traduits, présentés et annotés par François Maspero, avec une préface de Jorge Semprun, ces poèmes ont été écrits entre 1924 et 1937, pendant les années d’exil (il mourut à Paris) du « poète des Andes ».« Vallejo garde la volonté acharnée de rejoindre l’humanité ? L’adhésion au communisme, la défense de la cause républicaine lors de la guerre civile espagnole, en est l’une des formes. Sa poésie qui est aussi aspiration à l’infini est une bataille constante pour rendre au verbe une pureté inaccessible. C’est cet aspect révolutionnaire, au sens absolu du terme, qui fait de son œuvre l’une des plus novatrices du XXème siècle. »Un peu plus de calme, camarade ; / un très immense, septentrional, complet, / féroce, petit calme, / dans le service mineur de chaque victoire / et dans l’audacieuse servitude de la défaite. » (Libération Livres, 22 septembre 2011).

Dixit – La romancière et poétesse Zoé Valdès, née à Cuba en 1959, vivant en exil à Paris, auteur de Le Paradis du néant (éditions JC Lattès) : « Qu’est-ce qu’un homme ? Un être fait de poésie, construit et détruit par la poésie. » (Le Vif-L’Express, 24 juin 2011)

Pourquoi Baudelaire détestait l’école – Ce titre apparaît sur un bandeau en couverture du mensuel L’Histoire n°367 de septembre 2011. Auteur de l’article et maître-assistant à l’université Nihon du Japon, Toru Hatakeyama a soutenu en 2010 sa thèse de doctorat sur la vie scolaire de Charles Baudelaire (1821-1867). On se se souviendra qu’il fréquenta les collèges royaux de Lyon (lycée Ampère de nos jours) et Louis-le-Grand de Paris, étant renvoyé de celui-ci en avril 1839 pour « désobéissances continuelles »… Fort en vers latins, « Baudelaire a écrit de nombreuses lettres qui prouvent à quel point il était désireux de susciter la fierté de sa famille en obtenant de bons résultats. (…) Ce désir de satisfaire sa mère était de loin la principale motivation du jeune Baudelaire dont le dégoût et le mépris pour un milieu scolaire dans lequel il se sentait de plus en plus à l’étroit se faisaient chaque année plus vifs. » Il « est sans cesse mis en retenue et parfois même mis au cachot. » (…) « Aux exercices scolaires, Baudelaire préfère la lecture des livres à la mode : « les romans nouveaux, les nouveaux drames, des nouveaux volumes de poésie de Lamartine, Hugo, Musset, Vigny, Sainte-Beuve » (…). Il écrit également des vers, qu’il juge « détestables ». Son condisciple et futur sénateur Emile Deschanel le décrit ainsi : « Je me rappelle que, dès le collège, il était poète, et que pendant la classe de mathématiques nous passions le temps à nous écrire des billets rimés au courant de la plume. » (…) »

Aragon et Desnos sur l’art – Edités chez Flammarion, deux ouvrages de poètes à signaler. « La critique d’art d’Aragon continue à diviser. (…) Le XXème siècle du poète, en effet, est plein de trous et de flingages, qui rappellent plus Fénéon qu’Apollinaire. La réédition de ses Ecrits sur l’art moderne, largement enrichis au regard du volume de 1981, quoique appauvris de certaines images, permet de redonner au débat l’ampleur qu’il appelle. (…) » (Beaux Arts, août 2011). De Robert Desnos, Ecrits sur les peintres : « (…) le poète des Ténèbres était l’un des plus portés sur les arts visuels et la pratique du dessin, tantôt rébus, tantôt révélation médiumnique. On se félicitera donc du retour en librairie des textes, poésie et prose, que Desnos a consacrés aux peintres de son cercle. (…) « Ecrire et peindre restent pour lui des activités conjointes », rappelle Marie-Claire Dumas dans sa préface. Est-ce si original que cela ? N’est-ce pas plutôt le trait commun de tous les poètes de la modernité depuis Gautier et Baudelaire ? Pour eux et leurs héritiers directs, le premier devoir n’est-il pas de pousser l’indicible à se manifester à travers les formes ou les mots repensés ? (…) » (Beaux Arts, septembre 2011).

« Une terrible beauté est née » (Yeats) – Sous ce titre, vers fameux extrait du poème « Easter » de William Butler Yeats (1865-1939), la 11ème Biennale d’art contemporain de Lyon expose, du 15 septembre au 31 décembre 2011, plus de 200 œuvres de dizaines d’artistes du monde entier.En guise de fil rouge, dispersés aux quatre coins de cette exposition internationale, des poèmes visuels d’Augusto de Campos, fondateur, avec son frère Haraldo, du mouvement de poésie concrète au Brésil.La jeune commissaire de la Biennale, Victoria Noorthoorn, venue de Buenos Aires, a commenté le projet : « Dans son poème Pâques, 1916, le poète W. B. Yeats s’interroge sur son propre présent et analyse avec la plus grande incertitude la révolte des Irlandais revendiquant leur émancipation du joug britannique. A première vue, le poème semble célébrer les martyrs qui donnèrent leurs vies pour l’indépendance. Mais en y regardant de plus près, il est évident que le narrateur doute. Comme l’affirme Carlos Gamerro dans l’essai qu’il publie pour le catalogue de la Biennale de Lyon 2011, le poème, troublant, oscille entre affirmation, interrogation et négation, sans jamais prendre partie. Cette Biennale est pénétrée de ce sentiment qui nous laisse incapable de juger de l’évidence d’un présent. Nous préférons répondre, deviner et nous contredire en toute liberté. (…) La beauté est depuis toujours l’un des paramètres les plus violents et les plus arbitraires de la pensée occidentale. Interrogeons-nous : la Beauté – au sens de R. M. Rilke – est-elle toujours le début de la terreur ? Y a-t-il une beauté qui ne soit pas terrible ? L’émergence de la beauté adoucit-elle la brutalité du réel ou n’en renforce-t-elle pas au contraire les horreurs ? (…) » Lu dans Art press, n°381, septembre 2011 : « En somme, Yeats pose la question de dl’individu face à la collectivité… » Voir www.labiennaledelyon.com

« Avant Rilke, je ne savais pas aimer » – Philosophe et professeur de méditation bouddhiste, Fabrice Midal livre ses impressions sur Rainer Maria Rilke (1875-1926) dans la revue Clés d’août-septembre 2011. « Entre l’art du poète autrichien et la méditation, il y a plus de similitudes qu’il ne le soupçonnait… » Adolescent, Midal a lu les Lettres à un jeune poète (1903-1908), puis il a découvert que « dans la tradition bouddhiste, de nombreux maîtres « reçoivent » des textes poétiques et prophétiques « sous la dictée d’une inspiration », avec le sentiment de n’en être en rien les auteurs. J’apprenais peu après comment Rilke a rédigé Elégies de Duino [1922], son livre majeur : à la manière de ces maîtres spirituels. (…) » Quelques citations de Rilke accompagnent le tout et nous retenons la suivante : « Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas ; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n’êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses ; car pour celui qui crée il n’y a pas de pauvreté, pas de lieu pauvre et indifférent. » Voir Fil du 10/03/2011.

Deux poètes haïtiens primés – Louis-Philippe Dalembert et Lyonel Trouillot ont reçu le 12 septembre le Trophée des Arts afro-caribéens 2011 pour leur essai (livre-CD, avec les voix des poètes René Depestre et Frankétienne) Haïti, une traversée littéraire, paru aux éditions Philippe Rey (Paris). On notera que l’intégralité des recettes de la vente de cette anthologie est reversée en faveur de la reconstruction de la Bibliothèque Nationale à Port-au-Prince. Le Trophée est décerné annuellement, depuis 2007, à des artistes et des personnalités de la diaspora noire francophone, originaires d’Afrique, de l’Océan Indien et des Antilles.

Samuel Menashe (USA) – L’hebdomadaire londonien The Economist a réservé une page (avec photo) de son édition du 3 septembre 2011 au poète new-yorkais Samuel Menashe Weisberg, qui est mort le 22 août 2011, à l’âge de 85 ans. Fils de Juifs russes émigrés et vétéran de la Seconde Guerre mondiale, passant par la Belgique, il avait étudié à la Sorbonne à Paris (doctorat en 1950). Si son premier poème apparut aux Etats-Unis dans The Yale Review in 1956, son premier recueil, The Many Named Beloved, fut publié à Londres, en 1961. Connu pour ses poèmes brefs inspirés des haïkus japonais (« chaque mot doit compter »), Menashe avait reçu en 2004 le Neglected Masters Award, nouveau prix d’un montant de 50.000 $, créé par la Poetry Foundation de Chicago. L’année suivante, ses New and Selected Poems étaient publiés par la Library of America. Celle-ci a posté sur Internet un récent poème de Menashe, repris dans le quotidien Los Angeles Times du 23 août 2011 : « Now. There is never an end to loss, or hope / I give up the ghost for which I grope / Over and over again saying Amen / To all that does or does not happen – / The eternal event is now, not when. »

Sur les pas de Goethe – En une page, le quotidien La Croix des 17-18 septembre 2011 a proposé à ses lecteurs un parcours dans la ville de Weimar, en Thuringe, où vécut la plus grande partie de sa vie et mourut, en 1832, Johann Wolfgang von Goethe. Dans un récent sondage, le poète a été élu « comme le plus grand Allemand de tous les temps ». Emblème de la ville, la statue de l’écrivain, « aux côtés de celle de son ami et protégé, le poète Friedrich von Schiller, trône devant le Théâtre national », qu’il dirigea durant 26 ans. Un tour dans sa maison, « la façade ocre longe la Frauenplan, face à l’auberge du Cygne blanc où le poète aimait à s’attabler. » Place de la Démocratie, visite de la Bibliothèque de la duchesse Anna Amalia, également dirigée par Goethe, jusqu’à sa mort. Non loin de là, « verdoie un arbre immense, vieux de 280 ans. C’est un Ginkgo biloba. Sa hauteur devait être beaucoup moins spectaculaire lorsque Goethe passa devant en 1815, l’esprit occupé par la poétesse Marianne von Willemer. Ses sentiments se matérialisèrent dans la feuille de ginkgo, dont la forme rappelle celle du cœur. « Est-ce un seul être vivant / Qui s’est scindé en lui-même ? / En sont-ce deux qui s’élisent / Au point qu’on les connaît comme un seul ? », écrit-il dans son magnifique poème d’amour, Le Ginkgo biloba [paru dans le recueil Le Divan occidental-oriental, en 1819]. (…) »

« Regards internationaux sur l’œuvre de Paul Valéry » – A l’approche du 140ème anniversaire (le 30 octobre) de la naissance du poète, des « Journées Paul Valéry » viennent de se tenir dans le musée qui porte son nom, à Sète (Hérault). Placée sous le Haut Patronage de l’Académie française, la manifestation réunissait des spécialistes de l’auteur qui ont mis en évidence sa notoriété dans nombre de pays (Balkans, monde méditerranéen, Amérique latine, Canada, Japon). Parmi les poètes de la « mouvance valéryenne » invités, le Libanais Salah Stétié était chargé de prononcer la conférence inaugurale. Riche d’environ 4.000 œuvres, le musée abrite le « fonds Paul Valéry » qui rassemble près de 300 peintures, dessins, aquarelles, sculptures et documents, dont le premier manuscrit du Cimetière marin (1920), et le cahier de ses premiers poèmes, à l’âge de 13-15 ans. Voir www.museepaulvalery-sete.fr

Poètes et sagesse grecque – Le Point Références-Textes fondamentaux de juillet-août 2011 se concentre sur la Grèce antique. « Dès les premiers âges de l’écriture existe ainsi en Grèce une poésie qui détient la fonction d’orienter le monde » indique Walter Burkert, professeur émérite de philologie classique à l’université de Zurich. En plus de l’Iliade et de l’Odyssée (fin du VIIIème siècle av.J.-C.), « premières épopées de la littérature occidentale » de l’incontournable Homère, sont analysés les deux longs poèmes didactiques d’Hésiode, qui auraient été composés entre 750 et 650 av.J.-C. : la Théogonie, « qui offre l’une des versions les plus complètes de la création du monde », et Les Travaux et les Jours, « qui exposent la façon dont doit s’organiser la vie paysanne et agricole ».« Les Latins Lucrèce (v.98-55 av.J.-C.), dans le De natura rerum, puis Ovide (43 av.J.-C.-v.18 apr.J.-C.), dans Les Métamorphoses, feront un récit de création du monde à la manière d’Hésiode » remarque Dominique Méhu, agrégée de lettres classique.« De Xénophane [de Colophon, en Ionie, milieu du VIème siècle av.J.-C.] nous sont parvenus des extraits de poèmes, certains à caractère purement littéraire, mais aussi un poème plus philosophique, intitulé De la nature. »Quant à Parménide, il est également l’auteur d’un De la nature : « les exégètes se perdent en conjecture sur l’interprétation de ce poème, fort complexe, pour ne pas dire obscur. Parménide connut cependant, paraît-il, un grand succès lorsqu’il en donna des lectures publiques, notamment à Athènes où il séjourna dans sa vieillesse. »

Harold Pinter (Angleterre) – Décédé en décembre 2008, l’écrivain et dramaturge Harold Pinter, prix Nobel de littérature en 2005, était aussi un poète. En août dernier, le festival « Fringe » d’Edinburgh lui a rendu hommage, ses poèmes étant lus par l’acteur Julian Sands, sous la direction du légendaire John Malkovich… Pinter a écrit sur divers thèmes tels que son cancer, l’invasion de l’Irak ou l’amour. « A Celebration of Harold Pinter » a tourné un peu partout dans le pays au cours du mois de septembre. Selon le quotidien The Independent (8 août 2011), « on trouve ici [dans la pièce] de surprenants et magnifiques poèmes, (…) tous étant l’expression d’une riche et superbement naturelle, idiomatique et plaisante expression poétique. »

Poésie et merveille – Danielle Quéruel, professeur de littérature médiévale à l’université de Reims Champagne-Ardenne, présente « Les lais bretons du XIIème siècle » dans le n°26 thématique sur les Celtes de la revue Histoire et Images médiévales (août-octobre 2011).« Le nom de « lai » vient d’une racine celtique : « laid » en vieil irlandais signifie « chanson » ou « composition musicale ». (…) » Il est ici question de « récits narratifs brefs, composés en vers, qui semblent avoir des liens avec le monde breton. (…) Les histoires racontées servent à divertir, mais aussi à évoquer avec nostalgie une époque où les aventures proposées aux hommes les entraînaient vers des quêtes périlleuses ou des amours exaltantes. Dans le roman de Tristan raconté par Thomas d’Angleterre (poète normand) vers 1160 la reine Yseut chante un « lai pitus d’amor » pour oublier sa douleur lorsqu’elle est séparée de Tristan. (…) » L’élément merveilleux est à souligner  : « toujours présent, il demeure discret et sert à apporter une réponse aux rêves et aux attentes des humains. »A la conclusion de l’article, nous retenons que ces textes « ouvrent les portes de l’imaginaire et exercent par la musique de leurs vers une poésie infinie. »Dans la bibliographie, on pointe l’édition bilingue des Lais bretons (XIIème et XIIIème siècles) : Marie de France et ses contemporains, chez Champion Classiques (Paris, 2011).

MidiMinuitPoésie (France) – Les 15 et 16 octobre 2011, 11ème édition d’un festival original organisé par la Maison de la Poésie de Nantes, s’intéressant principalement aux écritures poétiques actuelles : « parce que la poésie fore depuis toujours dans les espaces d’autres arts, MidiMinuitPoésie provoque des rencontres créatives, par la lecture à haute voix, entre poésies, musiques, arts visuels, danse… » Dans les « Actions périphériques », à la date du 14 octobre, nous relevons une lecture-rencontre du poète Lucien Suel avec les détenus du Centre pénitentiaire de la ville… Voir www.maisondelapoesie-nantes.com

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