poésie à l'écoute

Fil – Actualite poetique (10/02/2011)

Glissant (Martinique) / Bekri (Tunisie) / Deman (Belgique) / Ngwenya (Mozambique) / Damas (France) / Haïkus (Japon) / Catulle / Quignard (France) / Club des Poètes (France) / Waits (USA) / Homère / Raharimanana (Madagascar) / Poésie et médecine (France)

Edouard Glissant (Martinique) – Né dans le nord de la Martinique en 1928, le poète Edouard Glissant est décédé à Paris le 3 février. Prix Renaudot en 1958, écrivain anticolonialiste (il fut interdit de séjour aux Antilles de 1959 à 1965), concepteur de la « créolisation » (« c’est un métissage d’arts, ou de langages qui produit de l’inattendu. C’est une façon de se transformer de façon continue sans se perdre. »), sa production poétique compte le remarquable La Terre, le feu, l’eau et les vents. Une anthologie de la poésie du Tout-Monde, paru l’année dernière chez Galaade Editions (Paris). Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a salué « la beauté de la langue, la puissance poétique extraordinaire qui était la sienne. » Pour sa part, Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde, a jouté : « (…) le dernier colloque international sur l’œuvre d’Edouard Glissant s’est tenu en Tunisie, à Carthage. Je pense que les peuples qui s’ébranlent aujourd’hui sont en écho complice avec le poète Edouard Glissant. »

Tahar Bekri (Tunisie) – Pour l’hebdomadaire Jeune Afrique n°2612 (30 janvier-5 février 2011), le poète a déclaré à propos des événements dans son pays : « La révolution n’est pas partie de la capitale et des centres intellectuels du pays, mais, au contraire, des régions les plus isolées et les plus délaissées. (…) Quand on entend les slogans des émeutiers, qu’on écoute leurs chansons, on se rend compte à quel point ce peuple est imprégné de poésie et en demande de beauté. »

« Avec l’éditeur Deman / on n’a pas d’emmerdement » (Stéphane Mallarmé) – Edmond Deman (1857-1918) fut libraire et marchand d’estampes bruxellois. A partir de 1888, avec notamment une traduction française des Poèmes d’Edgar Poe, il devint éditeur (54 livres au total), publiant Baudelaire, Maeterlinck, Mallarmé, Verhaeren, etc. Une exposition, Impressions symbolistes, lui est consacrée au musée Rops de Namur, jusqu’au 20 mai 2011. PLus d’infos sur le site : www.museerops.be

Malangatana Ngwenya (Mozambique) – Considéré comme l’un des meilleurs artistes africains contemporains et nommé « Artiste de l’UNESCO pour la paix » en 1997, Malangatana Valente Ngwenya est décédé en début d’année au Portugal, âgé de 74 ans. Il était un peintre « politique » avec, par exemple, ses fresques murales autour de Maputo, la capitale, mais aussi un poète, ayant été publié pour la première fois en 1963 dans le journal littéraire Black Orpheus. Sa poésie témoignait du combat indépendantiste mené par ses compatriotes dans ce qui était alors une colonie portugaise.

Léon-Gontran Damas a franchi la ligne (France) – Jusqu’au 27 février, le Guyanais Léon-Gontran Damas, cofondateur du courant de la « négritude » avec Césaire et Senghor, est à l’affiche du Centre national d’art et d’essai « Le Lucernaire » (6ème arrondissement de Paris). Evoluant seule dans un décor dépouillé, la comédienne martiniquaise Mylène Wagram donne vie, durant un peu plus d’une heure, aux poèmes du natif de Cayenne. La mise en scène est due à Frédérique Liebaut  : « Damas, c’est la poésie de l’humble, la poésie du quotidien, la poésie de la résistance à ce qui nous sépare et nous défait. » Pour plus d’infos, consultez le site www.lucernaire.fr

Haïkus des quatre saisons (Japon) – A signaler aux éditions du Seuil, un beau livre sur les Haïkus des quatre saisons, le haïku étant un poème très codifié, caractérisé par sa concision. L’ouvrage vaut aussi pour les illustrations d’Hokusaï (1760-1849), l’un des maîtres de l’estampe japonaise, « choisies pour accompagner chaque texte et qui favorisent le surgissement des images poétiques. »

« Le poète des contrastes » (Catulle) – Contemporain de Lucrèce, dont nous parlions il y a peu, Catulle est au sommaire de la revue Histoire antique et médiévale n°5, de janvier/février 2011. Un article de six pages d’Aude Richard, professeur de lettres classiques, pour qui « l’originalité de Catulle réside bien dans le fait qu’il a réussi à faire cohabiter la plus vulgaire trivialité du réel avec la grandeur de la poésie grecque dont il se veut l’héritier. » Unique œuvre parvenue jusqu’à nous, les Poésies (Carmina) rassemble 116 poèmes, bon nombre de ceux-ci dédiés à sa maîtresse et muse, Lesbie.

Pascal Quignard (France) – En 1976, celui qui allait être lauréat du Goncourt 2002 écrivait Inter aerias fagos, poème en latin. Le texte a été traduit par sept poètes et est maintenant publié sous le titre Inter, aux éditions Argol (Paris). Quignard a lu récemment les différentes versions au théâtre de l’Odéon, à Paris.

« Rendre la poésie contagieuse et inévitable » (France) – Le n°5 (hiver 2010) du trimestriel Vivre Paris présente succinctement, avec une photo tout de même, le Club des Poètes, situé au 30 rue de Bourgogne, dans le 7ème arrondissement de Paris : « Une vieille échoppe de caractère aux allures de bicoque de province jurant avec les alentours guindés (…). » Fondé il y a 50 ans par le poète-résistant Jean-Pierre Rosnay, le fils Blaise étant l’actuel animateur, le lieu a vu passer Aragon, Vian, Neruda, Darwich, etc. Voir www.poesie.net

Tom Waits (USA) – Des poèmes de Tom Waits, « l’enfant terrible du cabaret rock américain », seront inclus dans Hard Ground (University of Texas Press) qui sortira en mars prochain. Un livre rassemblant les photographies en noir et blanc de Michael O’Brien, sur la population des sans-abri.

Homère comme on ne l’a jamais lu (Iliade) – Dans l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur du 27 janvier-2 février 2011, Philippe Sollers livre une passionnante critique sur la nouvelle traduction de l’œuvre d’Homère, éditée au Seuil, et déjà mentionnée dans notre Fil. « Philippe Brunet a su rendre au poème fondateur de la littérature occidentale toute sa puissance d’éblouissement » peut-on lire en introduction à l’article de Sollers, qui se souvient de son « émotion de lycéen devant le combat d’Hector et d’Achille. »

Les Cauchemars du gecko (Madagascar) – Prix 1987 Jean-Joseph Rabearivelo (« la figure littéraire majeure de Madagascar ») de poésie, Jean-Luc Raharimanana, né en 1967, faire paraître aux éditions Vents d’ailleurs (La Roque d’Anthéron, France) Les Cauchemars du gecko, œuvre mêlant des textes en prose et en vers libres, accompagnés de photographies prises par l’auteur. Issue du spectacle éponyme proposé lors du festival d’Avignon 2009, une vision cauchemardesque sur l’état du monde actuel !

Un tombeau poétique pour Eugène (France) – Amusante la chronique sur les Livres oubliés ou méconnus, signée Gérard Oberlé, parue dans la livraison de février (n°392) du mensuel Lire. L’écrivain y traite d’un « vice honteux », soulignant qu’il y a en France une « ancienne et vivace tradition de médecins poètes. En 1809, le bon docteur Petit [chirurgien en chef de l’hôpital de Lyon] présente à la célèbre Académie des jeux floraux de Toulouse un long poème en alexandrins intitulé Onan, ou le tombeau du Mont-Cindre, avec ce vœu : « Je tente d’arracher les mœurs de la jeunesse aux dangers d’un naufrage qui devient plus grand chaque jour. » (…) Le jury toulousain écarta le poème « en regrettant que l’auteur n’ait pas choisi un autre sujet », mais Petit le fit imprimer à Lyon par M. Kindelem, un typographe établi en face de l’archevêché. »

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