poésie à l'écoute

Fil – Actualité poétique 1/2 (26/04/2011)

Javier Sicilia (Mexique) / Poésie et slam (Canada) / Coupe de la Ligue Slam de France / Grand Corps Malade / Poésie et maladie / Andrée Chedid / Joris Lacoste / Jerzy Skolimowski (Pologne) / Joyce Carol Oates (USA) / Cyrielle Clair et Michel-Ange / Char 

Poète et activiste (Mexique) – L’assassinat, le 28 mars, du fils du poète Javier Sicilia (né en 1956) a provoqué le 6 avril d’importantes manifestations (« marches pour la paix et la justice ») dans près de 40 villes du Mexique. Suite à une lettre ouverte destinée aux politiques et aux criminels, le poète a été reçu par le président du pays, Felipe Calderón. Javier Sicilia, qui a annoncé vouloir abandonner la poésie, a déclaré : « la classe politique mexicaine a établi les bases de la violence en dévalorisant la culture et le travail honnête ». Il a pris la tête d’un mouvement citoyen et a exigé un changement d’orientation dans la « guerre mal organisée et mal dirigée » contre les trafiquants de drogue.

Poésie et slam (Canada) Le festival international de poésie de Vancouver, qui s’est déroulé du 18 au 23 avril 2011, a abrité le premier championnat canadien de slam individuel. Voir www.vancouverpoetryfestival.com

Coupe de la Ligue Slam de France – Du 2 au 8 mai 2011, Tours et Joué-lès-Tours accueilleront le premier festival de tous les slams, des tournois, des « lâchers de poètes » en ville (sur les marchés et places publiques), des concerts, des lectures et des scènes ouvertes. On notera la participation de Grand Corps Malade et, en invité d’honneur, de Marc Smith, créateur américain du slam. Voir www.coupe.ligueslamdefrance.fr

« Je dis souvent que le slam c’est de la poésie de proximité » (Grand Corps Malade) – Le « marathonien des rimes » vient de se produire en Belgique. De passage à Bruxelles il y a quelques semaines, Fabien Marsaud s’était confié à Victoire, le magazine du quotidien Le Soir, dans son édition du 19 mars 2011 : « (…) Je déplore le fait qu’on ne m’ait jamais fait écrire des vers. Jamais un prof de français, que ce soit au collège ou au lycée, ne m’a fait inventer une poésie. Si on nous fait chercher des rimes, des sonorités, alors là, on va vraiment s’approprier le truc. On m’a fait apprendre par cœur des poètes morts depuis longtemps – je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire – mais alors, l’écriture apparaît comme tout à fait déconnectée du langage quotidien. (…) Je slame avec des mots que j’utilise tous les jours pour parler. Il y a des mots de la langue française mêlés avec des mots en verlan, en argot, et c’est cette combinaison qui m’appartient qui fait ma poésie. (…) » Il a précisé dans Le Nouvel Observateur du 7-13 avril : « Je ne suis pas un grand lecteur de poésie. Mes parents écoutaient Brel, Brassens, Barbara. Moi, j’adorais Renaud et le rap, NTM, MC Solaar. (…) » Voir Fil du 5/01/2011.

« La poésie m’a emportée loin du cancer » – Témoignagne émouvant de Karine, 42 ans, ancienne esthéticienne, dans le magazine Femme Actuelle du 28 mars-3 avril 2011 : « (…) Pour mes parents, lire était une perte de temps. Alors, après mon cancer, j’ai décidé d’être cette personne qu’on n’avait pas voulu que je sois. (…) Un jour, je suis tombée sur un recueil de poèmes de Jacques Prévert, et j’ai su enfin quel sens donner à ma vie. Cette façon à la fois légère, sensible et ludique d’exprimer les choses, c’était exactement ce que je voulais offrir aux autres. Ecrire de la poésie a su m’emporter loin de la maladie tout en apportant de la « moelle » à ma vie. Grâce à elle, j’ai pu exorciser les angoisses et les sentiments morbides que le cancer suscitait en moi pour les transformer en jolies choses. Aujourd’hui, j’ai abandonné les instituts de beauté afin de consacrer ma vie à faire découvrir la poésie aux enfants à travers des ateliers d’écriture. (…) »

Andrée Chedid, l’éloge du vivant – Nouvelle formule, nouveau format, genre journal tabloïd, pour le… Magazine des Livres. Le n°29 d’avril 2011 offre un entretien inédit, mené en 1989 par Valère-Marie Marchand avec la poétesse Andrée Chedid, disparue il y a peu : (…) Pendant une dizaine d’années, je n’ai écrit que de la poésie, puis je suis passée au roman car je voulais m’adresser au lecteur de manière plus directe et plus communicative. Même s’il y a des frontières entre la poésie, le roman et le théâtre, la source est identique. Ce que j’essaye d’exprimer est tellement élémentaire et universel que les registres importent peu. A quoi bon les catégories, les étiquettes ? Cette interrogation de l’être pourrait presque se passer de mots. La forme n’est pas une fin en soi. Derrière l’évidente simplicité d’un récit ou d’un poème, se cache toujours un « au-delà des mots » qui nous est naturel. (…) » Voir Fil du 20/02/2011.

« J’ai toujours collectionné la poésie sonore. » (Joris Lacoste) – Propos du fondateur du collectif L’encyclopédie de la parole (Nice), dans le mensuel Beaux Arts d’avril 2011 (n°322) : « (…) Avec une amie, on faisait des blind tests, et on réalisait qu’on pouvait confondre le poète dada Raoul Hausmann [1886-1971] avec un chaman argentin. Ce genre de relations contre nature m’intéresse. C’est de mes rencontres avec une dizaine de personnes, sociolinguistes, poètes, producteurs de théâtre ou de radio, nourrissant un même intérêt pour la langue, qu’est née L’encyclopédie de la parole. Nous avons aujourd’hui rassemblé plus de 500 documents sonores. » Voir www.villa-arson.org et Fil du 9/04/2011.

Jerzy Skolimowski (Pologne) – Accueil enthousiaste des médias pour le nouveau film, le thriller Essential Killing, du réalisateur polonais Jerzy Skolimowski, 72 ans, après une longue éclipse… Faisant partie de l’avant-garde du cinéma de l’Est dans les années 1960 (Polanski, Wajda, Forman), Skolimowski fut aussi poète : « Sans talent, j’appliquais des recettes de versificateur avec cynisme, pour le simple plaisir d’être perçu comme un artiste. » (Télérama, 6 avril 2011).

Joyce Carol Oates (USA) – Les éditions Philippe Rey (Paris) publient la traduction française d’un recueil de nouvelles original, Folles nuits. En pénétrant dans les pensées et en s’appropriant les voix de chacun d’eux, Joyce Carol Oates narre les derniers jours de cinq pointures de la littérature américaine : Edgar Allan Poe, Mark Twain, Ernest Hemingway, Henry James et sa poétesse préférée, Emily Dickinson (1830-1886). Celle-ci est ressuscitée sous la forme d’une poupée androïde qui parle en devinettes, EdickinsonRépliLuxe, « créée sur mesure pour un couple de bobos entichés de poésie »… Voir Fil du 15/03/2011.

Cyrielle Clair et Miche-Ange – L’actrice française, bientôt à l’affiche d’Un mari idéal, pièce d’Oscar Wilde, a confessé à l’hebdomadaire Point de Vue du 13-19 avril 2011 : « (…) Avant de m’endormir, je lis de la poésie, les poèmes de Michel-Ange. (…) » Ajoutons que les Poésies du grand artiste de la Renaissance italienne sont disponibles aux éditions Les Belles Lettres, tout comme sa Correspondance complète, qui vient de paraître en deux volumes (première traduction française).

Peinture de René Char – Estimée à 1.800-2.000 Euros, une aquarelle du poète français, datant de 1958 et baptisée « Des champs pour elle », a été adjugée à Versailles, le 17 avril 2011, à 5.205 Euros.

 

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